Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/238

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sins ; c’étaient, pour la plupart, des Auvergnats, porteurs d’eau, commissionnaires ou charbonniers, qui exerçaient leur profession dans l’intervalle de ces voyages. Au milieu d’eux était une grande caisse de bois, contenant les fers qui servent successivement à toutes les expéditions du même genre. On nous fit approcher deux à deux, en ayant soin de nous appareiller par rang de taille, au moyen d’une chaîne de six pieds réunie aussitôt au cordon de vingt-six condamnés, qui, dès lors, ne pouvaient plus se mouvoir qu’en masse ; chacun tenait à cette chaîne par la cravate, espèce de triangle en fer, qui s’ouvrant d’un côté par un boulon-charnière, se ferme de l’autre avec un clou rivé à froid. C’est là la partie périlleuse de l’opération : les hommes les plus mutins ou les plus violents restent alors immobiles ; car, au moindre mouvement, au lieu de porter sur l’enclume, les coups leur briseraient le crâne, que frise à chaque instant le marteau. Arrive ensuite un détenu qui, armé de longs ciseaux, coupe à tous les forçats les cheveux et les favoris, en affectant de les laisser inégaux.

À cinq heures du soir, le ferrement fut terminé : les argousins se retirèrent ; il ne resta dans la cour que les condamnés. Livrés à eux-