Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/324

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Lemaire, les circonstances de son arrestation, le genre de service que je lui avais rendu, me paraissaient bien suspects, mais j’éloignais soigneusement de ma pensée tout ce qui eût pu convertir mes soupçons en certitude. Comme agité par un affreux cauchemar, j’attendais le réveil… et le réveil fut plus affreux encore !

» Eh bien ! dit Joséphine, en prenant un air pénétré… vous ne répondez pas… Ah ! je le vois… nous avons perdu votre amitié,… j’en mourrai !… Elle fondait en pleurs ; ma tête s’égara ; oubliant la présence de Lemaire, je me précipite à ses genoux comme un insensé, en m’écriant : Moi, vous quitter… non, jamais ! jamais ! Les sanglots me coupèrent la voix : je vis une larme dans les yeux de Joséphine, mais elle reprit aussitôt sa fermeté. Pour Lemaire, il nous offrit de la fleur d’oranger aussi tranquillement qu’un cavalier présente une glace à sa danseuse au milieu d’un bal.

» Me voilà donc enrôlé dans cette bande, l’effroi des départements du Nord, de la Lys et de l’Escaut. En moins de quinze jours, je fus présenté à Sallambier, dans qui je reconnus