Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/340

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me poussant du pied, me dit de me lever pour aller recevoir les habits du bord. Je feignis de ne pas comprendre : le maître d’équipage vint alors me donner lui-même l’ordre en français. Sur mon observation que je n’étais pas marin, il saisit une corde comme pour m’en frapper ; à ce geste, je sautai sur le couteau d’un matelot qui déjeunait au pied du grand mât, et, m’adossant à une pièce de canon, je jurai d’ouvrir le ventre au premier qui avancerait. Grande rumeur parmi l’équipage. Au bruit, le capitaine parut sur le pont. C’était un homme de quarante ans, de bonne mine, dont les manières n’avaient rien de cette brusquerie si commune aux gens de mer ; il écouta ma réclamation avec bienveillance, c’était tout ce qu’il pouvait faire, puisqu’il ne tenait pas à lui de changer l’organisation maritime de son gouvernement.

En Angleterre, où le service des bâtiments de guerre est plus dur, moins lucratif et surtout moins libre que celui des navires du commerce, la marine de l’État se recrute encore aujourd’hui au moyen de la presse. En temps de guerre, la presse se fait en mer à bord