Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/358

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qui à la suite d’une de mes tentatives d’évasion m’avait pansé pendant un mois. : Il ne semble pas me remarquer. Au greffe je trouve encore une figure de ma connaissance, l’huissier Hurtrel, dans un tel état d’ivresse, que je me flatte qu’il aura perdu la mémoire. Pendant trois jours on ne me parle de rien ; mais le quatrième je suis mené devant le juge d’instruction, en présence d’Hurtrel et de Dutilleul : on me demande si je ne suis pas Vidocq ; je soutiens que je suis Auguste Duval, que l’on peut s’en assurer en écrivant à Lorient, qu’au surplus le motif de mon arrestation à Ostende le prouve, puisque je ne suis prévenu que de désertion d’un bâtiment de l’État. Mon aplomb paraît en imposer au juge : il hésite. Hurtrel et Dutilleul persistent à dire qu’ils ne se trompent pas. Bientôt l’accusateur public Rausson vient voir, et prétend également me reconnaître : toutefois, comme je ne me déconcerte point, il reste quelque incertitude, et afin d’éclaircir le fait, on imagine un stratagème.

Un matin, on m’annonce qu’une personne me demande au greffe ; je descends : c’est ma mère qu’on a fait venir d’Arras, on devine dans quelle intention. La pauvre femme s’élance pour m’embrasser… Je vois le piège… sans brusquerie, je la repousse en disant au juge d’instruction