Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/378

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s’attaquaient. Ce genre de vol prenait son origine dans un arrangement entre les contremaîtres et les receleurs, qui achetaient les balayures, c’est-à-dire les parcelles de sucre, les grains de café, ou le coulage des liquides, qui restent dans l’entrepont après le déchargement de la cargaison. On comprend qu’il était facile d’augmenter ces profits en crevant les sacs et en disjoignant les douves des tonneaux. C’est ce que découvrit un négociant canadien, qui expédiait tous les ans une grande quantité d’huile. Trouvant toujours un déchet beaucoup plus considérable que celui qui peut résulter du coulage ordinaire, et ne pouvant obtenir à cet égard, de ses correspondants, une explication satisfaisante, il profita d’un voyage à Londres pour pénétrer le mystère. Déterminé à poursuivre ses investigations avec le soin le plus minutieux, il était sur le quai, attendant avec impatience une gabare chargée de la veille, et dont le retard lui semblait déjà fort extraordinaire. Elle parut enfin, et le négociant vit une troupe d’hommes de mauvaise mine se précipiter à bord avec autant d’ardeur que des corsaires qui monteraient à l’abordage. Il pénétra à son tour dans l’entrepont,