Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/40

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en garnison à Arras, se chargea de porter des paroles de paix, et mon père, après avoir jeté feu et flammes, consentit à me recevoir en grâce. Je tremblais qu’il ne fût inexorable ; quand j’appris qu’il s’était laissé fléchir, je sautai de joie ; ce fut l’aumônier qui me donna cette nouvelle, en l’accompagnant d’une morale sans doute fort touchante, dont je ne retins pas un mot ; seulement, je me souviens qu’il me cita la parabole de l’Enfant prodigue ; c’était à peu près mon histoire.

Mes aventures avaient fait du bruit dans la ville, chacun voulait en entendre le récit de ma bouche ; mais personne, à l’exception d’une actrice de la troupe qui résidait à Arras, ne s’y intéressant davantage que deux modistes de la rue des Trois-Visages ; je leur faisais de fréquentes visites. Toutefois, la comédienne eut bientôt le privilège exclusif de mes assiduités ; il s’ensuivit une intrigue, dans laquelle, sous les traits d’une jeune fille, je renouvelai auprès d’elle quelques scènes du roman de Faublas. Un voyage impromptu à Lille avec ma conquête, son mari et une fort jolie femme de chambre, qui me faisait passer pour sa sœur, prouva à mon père que j’avais bien vite oublié les tribu-