Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/406

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revenir une correction ; pour l’éviter, je me jette aux genoux du commissaire : « Ah ! Monsieur, lui dis-je, que l’on ne me frappe pas, c’est la seule grâce que je vous demande ; je ferai plutôt trois ans de plus si vous l’exigez. » Le commissaire, quelque touchante que fût ma prière, avait beaucoup de peine à garder sa gravité ; enfin il répondit qu’il me pardonnait, en faveur de la hardiesse et de la nouveauté du tour ; mais il voulut que je lui désignasse la personne qui m’avait procuré les objets d’habillement dont le chirurgien n’avait pas fait les frais. « Vous n’ignorez pas, lui repartis-je, que les gens qui nous gardent sont des misérables qui font tout pour de l’argent ; mais rien au monde ne me ferait trahir celui qui m’a servi. » Satisfait de ma franchise, il donna aussitôt l’ordre de me retirer ma double chaîne, et comme l’argousin murmurait contre tant d’indulgence, il lui prescrivit de se taire en ajoutant : « Vous devriez l’aimer au lieu de lui en vouloir, car il vient de vous donner une leçon dont vous pourrez faire votre profit. » Je remerciai le commissaire, et l’instant d’après je fus ramené sur le banc fatal auquel je devais encore être attaché pendant six