Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/407

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ans. Je me flattai encore de l’espoir de relever ma fabrique de jouets d’enfants ; mais le père Mathieu s’y opposa, et je fus, malgré moi, obligé de rester dans l’inaction. Deux mois se passèrent sans qu’il survînt aucun changement dans ma position. Une nuit, je ne pouvais pas dormir ; tout à coup il me vint une de ces idées lumineuses que l’on ne trouve que pendant les ténèbres ; Jossas était éveillé, je la lui communique. On devine qu’il s’agissait toujours de tentative d’évasion ; il juge excellent, merveilleux, le moyen que j’ai imaginé, et il m’engage fortement à ne pas le négliger. On va voir que je n’oubliai pas son conseil. Un matin, le commissaire du bagne, faisant sa ronde, passa près de moi ; je lui demandai la permission de l’entretenir en particulier. « Eh ! que me veux-tu ? me dit-il ; as-tu quelque plainte à porter ? parle, garçon, parle hautement, je te ferai justice. » Encouragé par la douceur de ce langage : « Ah ! mon bon commissaire, m’écriai-je, vous voyez devant vous un second exemple de l’honnête criminel. Peut-être vous souviendrez-vous qu’en arrivant ici je vous ai fait connaître que je tenais la place de mon frère : je ne l’accuse point, je me plais même à croire