Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/72

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mettre en liberté, et me fit délivrer une feuille de route pour rejoindre le 28e bataillon dans le Brabant ; mais, au lieu de suivre cette destination, je tirai vers Arras, bien décidé que j’étais à ne rentrer au service qu’à la dernière extrémité.

Ma première visite fut pour le patriote Chevalier ; son influence sur Joseph Lebon me faisait espérer d’obtenir, par son entremise, une prolongation de congé ; on me l’accorda effectivement, et je me trouvai de nouveau introduit dans la famille de mon protecteur. Sa sœur, dont on connaît déjà les bonnes intentions à mon égard, redoubla ses agaceries ; d’un autre côté, l’habitude de la voir me familiarisait insensiblement avec sa laideur ; bref, les choses en vinrent au point que je ne dus pas être étonné de l’entendre me déclarer un jour qu’elle était enceinte ; elle ne parlait pas de mariage, elle n’en prononçait même pas le mot ; mais je ne voyais que trop qu’il en fallait venir là, sous peine de m’exposer à la vengeance du frère, qui n’eût pas manqué de me dénoncer comme suspect, comme aristocrate, et surtout comme déserteur. Mes parents, frappés de toutes ces considérations, et concevant l’espoir de me conserver près d’eux,