Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/118

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sans doute qu’elle aurait nommé ou qu’elle nommerait Dufailli. Dufailli compromis, je l’étais aussi ; il était urgent de prévenir le coup. Je redescendis en toute hâte pour me concerter avec mon sergent, sur le parti à prendre. Heureusement, il n’était pas encore hors d’état d’entendre raison : je ne lui parlai que du danger qui le menaçait : il me comprit, et, tirant de sa ceinture une vingtaine de guinées : – Voilà, me dit-il, de quoi m’assurer du silence de la mère Thomas ; puis, appelant un domestique de l’hôtel, il lui remit la somme, en lui recommandant de la faire tenir sur-le-champ à la prisonnière. – C’est le fils du concierge, me dit DufailIi ; il a les pieds blancs, il passe partout, et avec ça, c’est un garçon discret.

Le commissionnaire fut promptement de retour ; il nous raconta que la mère Thomas, interrogée deux fois, n’avait nommé personne ; qu’elle avait accepté avec reconnaissance la gratification, et qu’elle était bien résolue, la tête sur le billot, à ne rien dire qui pût nous porter préjudice ; ainsi, il devint clair pour moi que je n’avais rien à craindre de ce côté. – Et les filles de la taverne, que feront-elles ? dis-je à Dufailli. – Les filles, il n’y a qu’à les emballer pour Dunkerque, je fais