Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/125

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que je le réforme ? il n’y pense pas. Puis, s’adressant à moi : – Tu en seras bien plus gras quand je t’aurai réformé ! Oh ! tu as une belle perspective dans tes foyers : si tu es riche, mourir à petit feu par le supplice des petits soins ; si tu es pauvre, ajouter à la misère de tes parents, et finir dans un hospice : je suis médecin, moi, c’est un boulet qu’il te faut, la guérison au bout ; si tu ne l’attrapes pas, le sac sera ton affaire, ou bien la marche et l’exercice te remettront, c’est encore une chance. Au surplus, fais comme moi, bois du chenic, cela vaut mieux que des juleps ou du petit lait. En même temps il étendit le bras, saisit par le cou une énorme dame-jeanne qui était auprès de lui, et emplit une canette qu’il me présenta ; j’eus beau m’en défendre, il me fallut avaler une grande partie du liquide qu’elle contenait ; l’aide de camp ne put pas non plus se dérober à cette étrange politesse : le général but après nous ; son nègre, à qui il passa la canette, acheva ce qui restait.

« Il n’y avait plus d’espoir de faire révoquer la décision de laquelle j’avais appelé ; nous nous retirâmes très mécontents. L’aide de camp regagna Ambleteuse, et moi le fort