Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/131

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on n’eût plus osé me taxer de lâcheté ; je revins à la batterie, où je reçus les félicitations de tout le monde. Un chef de bataillon qui nous commandait alla jusqu’à me promettre la croix, qu’il n’avait pu obtenir pour lui-même, parce que, depuis trente ans qu’il servait, il avait eu le malheur de se trouver toujours derrière le canon, et jamais en face. Je me doutais bien que je ne serais pas décoré avant lui, et grâce à ses recommandations, je ne le fus pas non plus. Quoi qu’il en soit, j’étais en train de m’illustrer, toutes les occasions étaient pour moi. Il y avait entre la France et l’Angleterre des pourparlers pour la paix. Lord Lauderdale était à Paris en qualité de plénipotentiaire, quand le télégraphe y annonça le bombardement de Boulogne ; c’était le second acte de celui de Copenhague. À cette nouvelle, l’Empereur, indigné d’un redoublement d’hostilités sans motifs, mande le lord, lui reproche la perfidie de son cabinet, et lui enjoint de partir sur-le-champ. Quinze jours après, Lauderdale descend ici, au Canon d’Or. C’est un Anglais, le peuple exaspéré veut se venger sur lui ; on s’attroupe, on s’ameute, on se presse sur son passage, et