Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/132

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quand il paraît, sans respect pour l’uniforme des deux officiers qui sont sa sauvegarde, de toutes parts on fait pleuvoir sur lui des pierres et de la boue. Pâle, tremblant, défait, le lord s’attend à être sacrifié ; mais, le sabre au poing, je me fais jour jusqu’à lui : Malheur à qui le frapperait ! m’écriai-je alors. Je harangue, j’écarte la foule, et nous arrivons sur le port, où, sans être exposé a d’autres insultes, il s’embarque sur un bâtiment parlementaire. Il fut bientôt à bord de l’escadre anglaise, qui, le soir même, continua de bombarder la ville. La nuit suivante, nous étions encore sur le sable. À une heure du matin, les Anglais, après avoir lancé quelques congrèves, suspendent leur feu : j’étais excédé de fatigue, je m’étends sur un affût, et je m’endors. J’ignore combien de temps se prolongea mon sommeil, mais quand je m’éveillai, j’étais dans l’eau jusqu’au cou, tout mon sang était glacé, mes membres engourdis, ma vue, comme ma mémoire, s’était égarée, Boulogne avait changé de place, et je prenais les feux de la flottille pour ceux de l’ennemi. C’était là le commencement d’une maladie fort longue, pendant laquelle je refusai opiniâtrement d’entrer à