Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/149

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elle nous suivit ainsi jusqu’à la hauteur de Calais. Alors la mer devenant houleuse, et un vent impétueux chassant au rivage, nous crûmes qu’elle s’éloignerait, dans la crainte de se briser sur des récifs ; elle n’était déjà plus maîtresse de ses manœuvres ; poussée vers la terre, elle eut à lutter à la fois contre tous les éléments déchaînés : s’échouer était pour elle l’unique moyen de salut, il ne fut pas tenté. En un clin d’œil, la frégate fut précipitée sous les feux croisés des batteries de la côte de fer, de la jetée, du fort Rouge ; de partout on faisait pleuvoir sur elle des bombes, des boulets ramés et des obus. Au milieu du bruit effroyable de mille détonations, un cri de détresse se fait entendre, et la frégate s’abîme dans les flots, sans qu’il soit possible de lui porter secours.

Un heure après, le jour parut ; de loin en loin, soulevés par les vagues, flottaient quelques débris. Un homme et une femme s’étaient attachés sur un mât, ils agitaient un mouchoir ; nous allions doubler le cap Grenet lorsque nous aperçûmes leurs signaux. Il me semblait que nous pouvions sauver ces malheureux ; j’en fis la proposition au capitaine de prises, et sur son refus de mettre la chaloupe à notre disposition,