Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/166

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considération des autres chefs. Mais ils est indispensable que l’on croie qu’il y a eu pour vous nécessité de vous faire soldat. Sous votre véritable nom, vous étiez en butte à des persécutions de la part de l’Empereur : c’est pour échapper à la proscription que vous vous êtes caché dans un régiment. Voilà votre histoire : elle circulera dans les camps, et l’on ne doutera pas que vous ne soyez une victime et un ennemi du système impérial… Je n’ai pas besoin d’entrer dans de plus longs détails… Le reste s’effectuera tout seul… Au surplus, je m’en remets entièrement à votre sagacité. »

Muni de ces instructions, le comte de L… partit pour l’Italie, et bientôt après il revint en France avec les conscrits liguriens. Le colonel Aubry l’accueillit comme un frère que l’on revoit après une longue absence. Il le dispensa des manœuvres et de l’exercice, assembla la loge du régiment pour le recevoir et le fêter, lui fit mille politesses, l’autorisa à se mettre en bourgeois, et le traita en un mot, avec la plus grande distinction.

En peu de jours, toute l’armée sut que M. Bertrand était un personnage : on ne pouvait pas