Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/214

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Lille, atteints et convaincus d’assassinat, etc.

Il n’y avait plus à en douter : le misérable qui m’avait perdu allait porter sa tête sur l’échafaud. L’avouerai-je ? ce fut une impression de joie que je ressentis, et pourtant je frémissais. Tourmenté de nouveau dans mon existence, agité d’inquiétudes sans cesse renaissantes, j’eusse voulu anéantir cette population des prisons et des bagnes, qui, après m’avoir lancé dans l’abîme, pouvait m’y maintenir par ses cruelles révélations. On ne s’étonnera donc pas de l’empressement avec lequel je courus au Palais de Justice, afin de m’assurer par moi-même de la vérité : il n’était pas encore midi, et j’eus toutes les peines du monde à arriver jusqu’à la grille, auprès de laquelle je pris position, en attendant l’instant fatal.

Quatre heures sonnent enfin. Le guichet s’ouvre : un homme paraît le premier dans la charrette… c’est Herbaux. La figure couverte d’une pâleur mortelle, il affiche une fermeté que dément l’agitation convulsive de ses traits. Il affecte de parler à son compagnon qui déjà est hors d’état de l’entendre. Au signal du départ, Herbaux, d’un front qu’il s’efforce de rendre audacieux, promène ses regards sur la foule ; ses