Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/229

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et ma mère étaient en pleurs. En mon absence, deux hommes ivres m’avaient demandé, et sur la réponse que je n’y étais pas, ils s’étaient répandus en invectives et en menaces, qui ne me laissaient aucun doute sur la perfidie de leurs intentions. Au portrait que me fit Annette de ces deux individus, il me fut aisé de reconnaître Blondy et son camarade Duluc. Je n’eus pas la peine de deviner leurs noms ; d’ailleurs ils avaient donné une adresse avec injonction formelle d’y porter quarante francs, c’était plus qu’il ne fallait pour me mettre sur la voie ; car, à Paris, il n’y avait qu’eux capables de m’intimer un pareil ordre. Je fus obéissant, très obéissant ; seulement, en payant ma contribution à ces deux coquins, je ne pus m’empêcher de leur faire observer qu’ils avaient agi fort inconsidérément. – Voyez le beau coup que vous avez fait, leur dis-je, on ne savait rien à la cassine et vous avez mangé le morceau ! (vous avez tout dit) ; ma femme, qui a l’établissement en son nom, va peut-être vouloir me mettre à la porte, et alors il me faudra gratter les pavés (vivre dans la misère). – Tu viendrais grinchir (voler) avec nous, me répondirent les deux brigands.