Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/255

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des agents, qui en permirent la remise, après avoir pris connaissance de la dépêche ; ainsi je me trouvais avoir atteint deux buts à la fois, celui de les tromper, en leur persuadant que je n’étais plus dans le quartier, et celui de rassurer Annette, en lui faisant savoir que j’étais hors de danger. L’expédient m’avait réussi ; enhardi par ce premier succès, je fus un peu plus calme pour effectuer les préparatifs de ma retraite. Quelque argent que j’avais pris à tout hasard sur ma table de nuit, servit à me procurer un pantalon, des bas, des souliers, une blouse ainsi qu’un bonnet de coton bleu destiné à compléter mon déguisement. Quand l’heure du souper fut venue, je sortis de la chambre avec toute la famille, portant sur ma tête, par surcroît de précautions, une énorme platée de haricots et de mouton, dont l’appétissant fumet expliquait assez quel était le but de notre excursion. Le cœur ne m’en battit pas moins en me trouvant face à face, sur le carré du second, avec un agent que je n’avais pas d’abord aperçu, caché dans une encoignure. – Soufflez votre chandelle, cria-t-il brusquement à Fossé. – Et pourquoi ? répliqua celui-ci, qui n’avait pris de la lumière que pour ne pas éveiller les soupçons. – Allons ! pas tant de raisons, reprit