Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/261

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mais après lui avoir fait cette recommandation : – Souviens-toi d’être plus circonspect que jamais ; si je suis arrêté, quel que soit l’auteur de mon arrestation, prends garde à toi. J’intimai au cocher de le mener grand train, rue de l’Échiquier, n° 23 ; et pour être certain qu’il ne prenait pas une autre direction, je restai un instant à l’examiner ; en suite de quoi je me rendis en cabriolet chez un fripier de la Croix-Rouge, qui me donna des habits d’ouvrier en échange des miens. Sous ce nouveau costume, je m’acheminai vers l’esplanade des Invalides, pour m’informer s’il y aurait possibilité d’acheter un uniforme de cet établissement. Une jambe de bois, que je questionnai sans affectation, m’indiqua, rue Saint-Dominique, un brocanteur chez qui je trouverais l’équipement complet. Ce brocanteur était, à ce qu’il paraît, assez bavard de son naturel. – Je ne suis pas curieux, me dit-il (c’est le préambule ordinaire de toutes les demandes indiscrètes), vous avez tous vos membres, sans doute l’uniforme n’est pas pour vous. – Pardon, lui répondis-je ; et comme il manifestait de l’étonnement, j’ajoutai que je devais jouer la comédie. – Et dans quelle pièce ? – Dans l’Amour filial.