Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/264

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forçat évadé, je me disposai à quitter Paris, me réservant, si elle n’était pas élargie avant mon départ, de lui faire connaître plus tard sur quel point je me serais dirigé.

Je logeais rue Tiquetonne, chez un mégissier, nommé Bouhin, qui s’engagea, moyennant rétribution, à prendre pour lui un passeport qu’il me céderait. Son signalement et le mien étaient exactement conformes : comme moi, il était blond, avait les yeux bleus, le teint coloré, et, par un singulier hasard, sa lèvre supérieure droite était marquée d’une légère cicatrice ; seulement sa taille était plus petite que la mienne ; mais pour se grandir et atteindre ma hauteur, avant de se présenter sous la toise du commissaire, il devait mettre deux ou trois jeux de cartes dans ses souliers. Bouhin recourut en effet à cet expédient, et bien qu’au besoin je pusse user de l’étrange faculté de me rapetisser à volonté de quatre à cinq pouces, le passeport qu’il me vendit me dispensait de cette réduction. Pourvu de cette pièce, je m’applaudissais d’une ressemblance qui garantissait ma liberté, lorsque Bouhin (j’étais installé dans son domicile depuis huit jours) me confia un secret qui me fit trembler : cet homme fabriquait habituellement