Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/301

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des devoirs sacrés, et c’est le respectable M. Henry qui se charge de m’en instruire : car c’est surtout sur lui que repose la sûreté de la capitale. Prévenir les crimes, découvrir les malfaiteurs, et les livrer à l’autorité, c’est à ces points principaux que l’on doit rapporter les fonctions qui m’étaient confiées. La tâche était difficile à remplir. M. Henry prit le soin de guider mes premiers pas ; il m’aplanit les difficultés, et si par la suite j’ai acquis quelque célébrité dans la police, je l’ai due à ses conseils, ainsi qu’aux leçons qu’il m’a données… Doué d’un caractère froid et réfléchi, M. Henry possédait au plus haut degré ce tact d’observation qui fait démêler la culpabilité sous les apparences les plus innocentes ; il avait une mémoire prodigieuse, et une étonnante pénétration : rien ne lui échappait ; ajoutez à cela qu’il était excellent physionomiste. Les voleurs ne l’appelaient que l’Ange malin, et à tous égards il méritait ce surnom ; car chez lui l’aménité était la compagne de la ruse. Rarement un grand criminel, interrogé par lui, sortait de son cabinet sans avoir avoué son crime, ou donné à son insu quelques indices qui donnaient l’espoir de le convaincre. Chez M. Henry, il y avait une sorte d’instinct qui le conduisait