Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/337

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activité et de mon omniprésence : il m’en félicita, tandis que plusieurs officiers de paix et des agents subalternes ne rougirent pas de s’en plaindre. Les inspecteurs, peu habitués à passer plusieurs nuits par semaine, trouvaient trop pénible le service en quelque sorte permanent, que je leur occasionnais ; ils murmuraient. Quelques-uns même furent assez indiscrets, ou assez lâches, pour trahir l’incognito à la faveur duquel je manœuvrais si utilement. Cette conduite leur attira des réprimandes sévères, mais ils n’en furent ni plus circonspects, ni plus dévoués.

Il n’était guère possible de vivre presque constamment parmi les malfaiteurs, sans qu’ils me proposassent de m’associer à leurs coups ; je ne refusais jamais, mais à l’approche de l’exécution, j’inventais toujours un prétexte pour ne pas aller au rendez-vous. Les voleurs sont en général des êtres si stupides, qu’il n’y avait pas d’excuse absurde que je ne pusse leur faire admettre ; j’affirmerai même que souvent, pour les tromper, il n’a pas fallu me mettre en frais de ruse. Une fois arrêtés, ils n’en voyaient pas plus clair ; au surplus, en les supposant moins bêtes, les mesures avaient été prises de telle façon qu’il ne pouvait pas leur venir à la