Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/393

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On voit que toutes mes mesures étaient prises. Le dénouement approchait : nous étions au mardi : une lettre des hommes que je cherchais annonça leur arrivée pour le vendredi suivant.

Le vendredi devait être pour eux un jour néfaste. Dès le matin, j’allai m’établir dans un cabaret du voisinage, et afin de ne pas leur fournir une occasion de m’observer, dans la supposition où, suivant leur usage, ils passeraient et repasseraient dans la rue avant d’entrer au domicile de la mère Noël, j’y envoyai mon prétendu beau-frère, qui revint aussitôt après me dire que la sœur de Marguerit n’y était pas, et que je pouvais me présenter en toute sûreté. – Tu ne me trompes pas ? observai-je à cet agent dont la voix me parut sensiblement altérée ; aussitôt je le regardai de cet œil qui plonge jusqu’au fond de l’âme, et je crus remarquer dans les muscles de son visage quelques-unes de ces contractions encore mal arrêtées qui dénotent un individu qui se compose pour mentir ; enfin, un je ne sais quoi semblait m’indiquer que j’avais affaire à un traître. C’est la première impression qui me frappait comme un jet de lumière : nous étions dans un cabinet particulier ; sans balancer, je saisis mon