Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/404

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couturières, je les examinais toutes les unes après les autres : point de bossues, toutes étaient faites à ravir ; ou si, par cas fortuit, elles avaient une bosse, ce n’était point une déviation de la colonne vertébrale, mais l’une de ces exubérances qui peuvent se résoudre à la Maternité, ou partout ailleurs, sans le secours de l’orthopédie.

Plusieurs jours se passèrent ainsi, sans que je rencontrasse l’ombre de mon objet ; je faisais un métier d’enfer, tous les soirs j’étais échiné, et il fallait recommencer tous les matins. Encore si j’avais osé faire des questions, peut-être quelque âme charitable m’eût-elle mis sur la voie ; mais je craignais de me brûler à la chandelle : enfin, fatigué de ce manège, j’avisai un autre moyen.

J’avais remarqué que les bossues sont en général babillardes et curieuses ; presque toujours ce sont elles qui font les propos du quartier, et quand elles ne les font pas, elles les enregistrent pour les besoins de la médisance ; rien ne doit se passer qu’elles n’en soient averties. Partant de cette donnée, je fus induit à en conclure que, sous le prétexte de faire sa petite provision, l’inconnue qui m’avait déjà fait faire tant de pas, ne devait pas plus que les autres, négliger de