Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/452

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budget pour des dépenses secrètes, besoin d’assigner une destination occulte à des fonds visiblement et souvent illégalement perçus (l’impôt sur les filles et mille autres tributs de détails), besoin pour certains administrateurs de se rendre indispensables, importants, en faisant croire à des dangers pour l’État ; besoin enfin de concussions au profit d’un vil ramas d’aventuriers, d’intrigants, de joueurs, de banqueroutiers, de délateurs, etc. Peut-être serai-je assez heureux pour démontrer l’inutilité de ces agents perpétuels destinés à prévenir des attentats qui ne se répètent que de loin en loin, des crimes qu’ils n’ont jamais prévus, des complots qu’ils n’ont jamais déjoués lorsqu’ils étaient réels, ou lorsqu’ils n’en avaient pas eux-mêmes ourdi la trame. Je m’expliquerai sur toutes choses sans ménagements, sans crainte, sans passion ; je dirai toute la vérité, soit que je parle comme témoin, soit que je parle comme acteur.

J’ai toujours eu un profond mépris pour les mouchards politiques, pour deux motifs : c’est que, ne remplissant pas leur mission, ils sont des fripons, et, la remplissant, dès qu’ils arrivent à des personnalités, ils sont des scélérats. Cependant, par ma position, je me suis trouvé en