Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/6

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Paris. M. le lieutenant général se souciait peu de les réduire à l’inaction, ce n’était pas là son affaire ; seulement il n’était pas fâché de les connaître, et de temps à autre, quand il les savait habiles, il les faisait servir à son divertissement.

Un étranger de marque venait-il visiter la Capitale, vite M. le lieutenant-général mettait à ses trousses la fleur des filous, et une récompense honnête était promise à celui d’entre eux qui serait assez adroit pour lui voler sa montre ou quelque autre bijou de grand prix.

Le vol consommé, M. le lieutenant-général en était aussitôt averti, et quand l’étranger se présentait pour réclamer, il était émerveillé ; car à peine avait-il signalé l’objet, que déjà il lui était rendu.

M. de Sartines, dont on a tant parlé et dont on parle tant encore à tort et à travers, ne s’y prenait pas autrement pour prouver que la police de France était la première police du monde. De même que ses prédécesseurs, il avait une singulière prédilection pour les filous, et tous ceux dont il avait une fois distingué l’adresse, étaient bien certains de l’impunité. Souvent il leur portait des défis ; il les mandait alors dans son cabinet, et lorsqu’ils étaient en sa présence : « Messieurs, leur disait-il, il s’agit de soutenir