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CHAPITRE III.

fruits de leurs travaux particuliers. Ils ajoutèrent que ravir toutes ces richesses scientifiques à ceux qui les avaient recueillies, et qui seuls possédaient la clef de leurs dessins, de leurs plans, de leurs notes, c’était les ravir, non pas à la France seulement, mais à la science et au monde entier.

La réponse d’Hutchinson fut qu’il aviserait. Il ajouta que sa décision ne se ferait pas attendre, et qu’Hamilton serait chargé de la transmettre aux commissaires.

Le choix d’un tel messager était de mauvais augure. Hamilton, on ne l’ignorait pas, avait été l’instigateur secret du fatal article 16. La pensée d’usurper la gloire de nos savants s’était glissée dans le cœur de cet homme ambitieux d’une prompte célébrité, et dans sa passion, sous le nom pompeux de conquête scientifique, c’est un odieux plagiat qu’il allait accomplir.

Hutchinson avait promis une prompte décision : il tint parole.

Le jour même, Hamilton vint à Alexandrie. « Le général, dit-il, est inflexible ; il exige que la capitulation soit exécutée, même pour ce qui vous concerne. » Et l’un des savants français ayant parlé de se rendre de nouveau auprès d’Hutchinson, Hamilton ajouta : « Toute démarche nouvelle serait inutile ; elle n’aboutirait qu’à des rigueurs que, pour ma part, je voudrais éloigner de vous. »