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CHAPITRE V.

1794 qu’il se prononce dans ce sens sur la synthèse de Bonnet ; c’est en 1795 que lui-même indique une synthèse nouvelle. Ce simple rapprochement de dates ne nous autorise-t-il pas à penser, que la conception de celle-ci fut le fruit des mêmes méditations qui venaient de lui dévoiler l’erreur de la première ? Et ne semble-t-il pas qu’après s’être élevé, à l’aide des vues de Bonnet, dans la sphère des idées générales, il ait renoncé tout à coup à leur dangereux secours, et trouvé en lui-même des forces pour se soutenir dans ces hautes régions de la science ?

Si nous ne nous trompons, et pour résumer avec clarté notre pensée, la doctrine de l’Unité de composition organique, si souvent et si faussement confondue avec le système de l’échelle des êtres, aurait du moins avec lui un rapport, un lien de filiation ; elle serait dérivée, non de ce système avec lequel,

    il cesse de consulter la nature ; il l’observe moins qu’il n’interroge son génie pour prouver à sa manière l’ordre, l’uniformité et les fins de la puissance créatrice… C’est ainsi que l’homme qui ne s’est pas assez livré à l’étude de la nature, épuise son esprit en fausses combinaisons pour en avoir voulu trop tôt tirer des raisonnements. » Ne semble-t-il pas, par quelques-unes des expressions dont il se sert dans ce premier Mémoire, que l’auteur, tout en combattant la généralisation prématurée de Bonnet, fasse des réserves en faveur de la possibilité de prouver plus tard, d’une autre manière, l’uniformité de la création.