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CHAPITRE V.

sa vie entière. L’Unité de composition est désormais le principe qui va l’inspirer ; tantôt but de ses efforts, tantôt point de départ de recherches nouvelles, et toujours, pour lui, instrument de découverte.

L’Expédition d’Égypte elle-même, en changeant le cours de ses travaux de détail, ne changea en rien la direction de ses idées. Ni l’étude de cette poétique contrée, ni les grands et terribles événements auxquels il prit part, n’eurent le pouvoir de le distraire de la poursuite de la théorie générale qu’il avait eu le bonheur d’entrevoir. Nous pourrions compter presque autant de preuves de cette tendance constante de son esprit, qu’il composa de mémoires en Égypte.

Ainsi, nous lisons dans l’un d’eux, qui fut communiqué à l’Institut du Caire peu de temps après sa fondation, et qui a pour sujet l’aile de l’Autruche :

« Ces rudiments de fourchette n’ont pas été supprimés, parce que la nature ne marche jamais par sauts rapides, et qu’elle laisse toujours des vestiges d’un organe, lors même qu’il est tout à fait superflu, si cet organe a joué un rôle important dans les autres espèces de la même famille. Ainsi se retrouvent, sous la peau des flancs, les vestiges de l’aile du Casoar ; ainsi se voit chez l’Homme, à l’angle interne de l’œil, un boursouflement de la peau qu’on reconnaît pour le