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UNITÉ DE COMPOSITION.

de lui pendant plusieurs années. Mais, dans ce laps de temps, les idées d’analogie avaient jeté dans son esprit de profondes racines, et tout lui apparut sous un jour nouveau. Parfois déjà, en Égypte et depuis son retour, il lui avait semblé que l’anatomie comparée manquait à la fois de rigueur dans sa marche et de grandeur dans ses résultats ; que souvent les zootomistes éludaient les questions au lieu de les résoudre, et décidaient avant d’avoir discuté. Ces lacunes de la science, ces défauts de la méthode qu’il avait entrevus, il les aperçut maintenant distinctement. Une difficulté surtout fixa son attention, et elle lui parut tellement grave, tellement fondamentale, qu’il ne crut pas pouvoir poursuivre, avant de l’avoir surmontée, son travail sur l’anatomie des Poissons. On considérait le squelette de ces animaux comme se composant de pièces osseuses, les unes analogues à celles que l’on retrouve chez les autres Vertébrés, les autres sans représentants chez ceux-ci et exclusivement propres aux Poissons. Voilà ce que tous les zootomistes admettaient ; mais sur quel fondement reposait leur opinion unanime ? Qui jamais avait démontré l’analogie d’une partie des pièces du squelette, la non-analogie des autres ? Personne : à l’exception d’Autenrieth, auteur, en 1800, d’un Mémoire dont les résultats sont en grande partie erronés, mais dont la direction est éminemment