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CHAPITRE V.

développements inégaux des organes voisins, et l’importance des organes rudimentaires, comme traces et comme preuves de la permanence du plan général ? Que manque-t-il donc pour que la méthode de la Philosophie anatomique se trouve tout entière en germe dans la première page de ce Mémoire ? Une idée seulement : celle de l’analogie des caractères transitoires des animaux supérieurs avec les caractères permanents des animaux inférieurs. Or cette idée la plus grande, et, bien qu’entrevue par Harvey dès le 17e siècle[1], la plus hardie de toutes, nous la

  1. « Sic natura perfecta et divina, dit-il dans ses Exerc. anat. de motu cordis, in-18, 1654, p. 164, nihil faciens frustra, nec cuipiam animali cor addidit, ubi non erat opus, neque, priusquam esset ejus usus, fecit ; sed iisdem gradibus in formatione cujuscunque animalis, transiens per omnium animalium constitutiones (ut ita dicam, ovum, vermem, fœtum), perfectionem in singulis acquirit. »

    Nous devons ajouter qu’en partant de ces vues, Harvey a expliqué, dès 1651, dans ses Exercitationes de generatione animalium, quelques anomalies organiques comme nous les expliquons aujourd’hui ; voie dans laquelle il a été suivi, dans le dix-huitième siècle, par Haller, Wolf et surtout Autenrieth.

    Ce dernier anatomiste a évidemment écrit sous l’influence de l’enseignement célèbre de Kielmeyer, qui a jeté un si grand éclat en Allemagne à la fin du dix-huitième siècle. Nul doute que Kielmeyer, bien qu’il n’ait presque rien imprimé, n’ait contribué pour beaucoup à rendre si rapides, en Allemagne, les progrès de l’anatomie philosophique : Meckel, Autenrieth, Ulrich, une foule d’autres, furent ses élèves. Que dire d’ailleurs de cette singulière exagération de deux auteurs français qui