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VOYAGE EN ESPAGNE.

Comment ne pas le croire ? D’Irun à Vittoria, il voyait des arcs de triomphe élevés en l’honneur de l’Empereur dont on espérait l’arrivée prochaine, et des députations se rendant de toutes parts au-devant de lui. À Aranda il rencontrait le nouveau roi, entouré d’une garde française, et salué par les acclamations enthousiastes d’une foule qui s’agenouillait devant lui. Partout, jusqu’à Madrid, la plus extrême agitation, mais cette agitation d’espérance et de joie qu’éprouve un peuple qui est ou qui se croit au lendemain d’une révolution.

Elle devait bientôt changer de caractère. Ferdinand s’était avancé à la rencontre de Napoléon jusqu’à Burgos, puis jusqu’à Vittoria où le peuple avait voulu arrêter son funeste voyage ; puis, le 20 avril, jusqu’à Bayonne ; et lorsqu’enfin il y eut trouvé l’Empereur, il dut comprendre qu’il venait, en cherchant un protecteur et un allié, de se livrer à un maître et à un ennemi.

On sait l’effet produit en Espagne par cet événement et par l’abdication de Roi Ferdinand VII. En quelques jours l’Espagne tout entière fut en feu ; cinq cents de nos compatriotes, pour la plupart surpris sans défense et égorgés dans les rues, et plus de cent Espagnols tués dans le combat ou fusillés après, périrent le 2 mai à Madrid. Bientôt le même cri : Mort aux Français ! retentit dans toutes les provinces.

C’est en ce moment même que Geoffroy Saint-