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ANATOMIE PHILOSOPHIQUE.

moins d’une manière implicite, universellement admises ; mais on n’allait pas au delà. Or, le caractère, l’essence même de toute science, c’est précisément de démontrer, à l’aide de ce qui est évident, ce qui ne l’est pas. Le fruit de la démonstration, a dit Bossuet[1], c’est la science. Au delà des analogies évidentes, et par elles, il y avait donc lieu d’en rechercher d’autres plus ou moins cachées, et d’essayer de les mettre en lumière.

Telle est l’œuvre dont Geoffroy Saint-Hilaire conçut la pensée, et qu’il entreprit de réaliser.

Mais à quelle condition était le succès ? Il le comprit bientôt : à la condition d’agrandir, de renouveler la méthode. Pouvait-on, par l’observation seule, passer des analogies évidentes, c’est-à-dire, visibles à nos yeux, perceptibles à nos sens, à ces analogies secrètes, accessibles à notre esprit seul ? Nullement. De là, la substitution nécessaire à cette méthode exclusive, insuffisante et antiphilosophique[2] qui régnait dans la science, d’une méthode plus large, essentiellement caractérisée par l’emploi combiné de l’observation et de la pensée : méthode éminemment rationnelle, et la seule qui mérite ce titre, puisque seule, elle fait

  1. De la connaissance de Dieu et de soi-même. chap. 1, §. XIII.
  2. C’est ainsi que Geoffroy Saint-Hilaire l’a lui-même caractérisée.