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ANATOMIE PHILOSOPHIQUE.

tation universelle, ce couronnement sublime de la philosophie naturelle, n’échapperait pas à cette logique faussement rigoureuse. On n’a pas prouvé, et l’on ne prouvera jamais par l’étude successive des astres répandus dans l’espace, ou même de ceux de notre système, que tous obéissent à la loi de la gravitation universelle, pas plus qu’on n’établira, par ce genre de preuves, que les animaux sont tous composés de matériaux réciproquement analogues. Et cependant qui conteste la généralité de la loi de Newton[1] ? Comment douter qu’elle s’applique à ces astres de notre système qui suivent dans le ciel une route encore indéterminée, à ceux même que l’œil humain n’a point encore aperçus, et, peut être, n’apercevra jamais, comme à ceux dont l’orbite est le plus exactement soumise au calcul ?

  1. Nous n’ignorons pas que, tout récemment, un célèbre astronome anglais a douté que la loi de Newton s’étendit jusque sur Uranus. Mais qui a partagé ce doute ? Personne. On a pensé de toute part que les formules jusqu’alors admises pour Uranus, et non la loi, se trouvaient en défaut, et l’on a entrepris leur révision. Il en sera de cette difficulté que vient d’élever M. Airy, comme des objections de Clairaut au dix-huitième siècle ; elles semblaient fort graves d’abord ; à l’examen elles se sont évanouies, et le calcul ayant été rectifié, la loi s’est trouvé confirmée par une preuve de plus. L’histoire de l’astronomie offre plusieurs exemples semblables. (Nous avons cru devoir laisser cette note telle qu’elle a été écrite, huit mois avant l’admirable découverte de M. Le Verrier.)