Page:Vie, travaux et doctrine scientifique d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
265
ANATOMIE PHILOSOPHIQUE.

salité des zoologistes, s’étaient même fait de son exemple une arme en faveur de l’observation presque exclusive.

Ainsi, deux écoles, non-seulement diverses, mais directement opposées, marchaient, en sens inverse, dans des voies où elles ne pouvaient, ni se rencontrer, ni se comprendre. Nous honorons, nous admirons les travaux de toutes deux ; mais, ni à l’une, ni à l’autre n’appartenait, ne pouvait appartenir la vérité tout entière.

Schelling et cette école célèbre des Philosophes de la nature dont il fut le fondateur et le chef, avaient pris pour guide l’imagination qui enfante

    divers animaux ; mais, par ses progrès mêmes, elle détournait de plus en plus d’une anatomie réellement comparative. On courait après les détails, et l’on s’éloignait à chaque pas des rapports généraux, les seuls néanmoins qui constituent les sciences, parce qu’ils ne sont que l’expérience généralisée. Cette contradiction affligeait les bons esprits, et il régnait parmi eux une hésitation générale que des observateurs superficiels prenaient déjà pour de l’impuissance… C’est au milieu de cette hésitation même qu’a paru tout à coup la Philosophie anatomique, ouvrage étonnant et destiné à faire partager désormais à l’anatomie comparée le titre, si honorable pour nous, de science française, que la chimie reçut du génie de Lavoisier, que Bernard de Jussieu mérita peut-être à la botanique, et que Cuvier a dès longtemps acquis à la zoologie. La publication de cet ouvrage fixera donc la date d’une direction nouvelle pour les études anatomiques. »