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CHAPITRE IX.

Monstre. Bien plus : il arrive jusqu’à discerner, du moins à l’égard des Monstruosités pseudencéphaliques et anencéphaliques, de quelle nature est, et surtout, à quelle époque remonte l’accident qui en est l’origine et la cause ; et la certitude de son diagnostic est telle que, plus d’une fois, il ose affirmer sur les circonstances de la grossesse ou de la naissance, ce que la mère elle-même avait nié, et ce qu’elle se voit obligée d’avouer en disant : Mais qui donc vous a révélé notre secret[1] ?

De l’observation des circonstances de la naissance, Geoffroy Saint-Hilaire passe à celle des Monstres eux-mêmes, du placenta et des membranes de l’œuf, et de la détermination de la cause efficiente, à celle de la cause prochaine. Celle-ci est, suivant lui, dans beaucoup de cas[2], une adhérence établie,

  1. L’un des exemples les plus remarquables est rapporté dans notre Histoire générale des anomalies, t. III, p. 538.

    Voici un second exemple, pris dans un autre ordre de faits tératologiques. Un membre de l’Académie de médecine annonce un jour à Geoffroy Saint-Hilaire qu’il va présenter à cette savante compagnie un Monstre acéphale. « Présenterez-vous en même temps, lui dit aussitôt Geoffroy Saint-Hilaire, son jumeau premier-né et le placenta commun aux deux individus ? — Quoi ! vous avez donc aussi l’observation ? — Je ne sais que ce que vous venez de me dire. »

  2. Dans la Philosophie anatomique, Geoffroy Saint-Hilaire avait proposé cette explication pour toutes les Monstruosités ; mais, en 1826, il l’a lui-même restreinte à un certain nombre d’entre elles.