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CHAPITRE X.

qu’elles ne sont pas moins à imiter pour la fidélité des descriptions, pour la précision des diagnoses, et surtout pour l’expression presque toujours rigoureuse des caractères assignés aux groupes des divers degrés.

Cette partie technique de la science est ordinairement fort négligée. Le désir d’abréger un travail aride a conduit les naturalistes à se contenter trop souvent, soit dans leurs descriptions, soit même dans leurs caractéristiques, de termes vagues ou inexacts. Cuvier lui-même a autorisé par son exemple deux abus d’une extrême gravité : il lui arrive, d’une part, de placer arbitrairement dans une division des animaux qu’il serait nécessaire, lui-même le dit, de ranger ailleurs dans un système rigoureux ; de l’autre, et bien plus fréquemment encore, d’assigner à un groupe tout entier une caractéristique vraie seulement d’une partie des êtres qu’il comprend.

Geoffroy Saint-Hilaire est du très-petit nombre des naturalistes qui ont essayé de retenir la science sur cette pente dangereuse. Comment l’élève d’Haüy, formé à l’observation par l’étude de la cristallographie, cette géométrie de l’histoire naturelle, eût-il ignoré que la rigueur et la précision sont inséparables de l’idée même de science ? Aussi le voit-on, dans tous ses travaux descriptifs, s’efforcer sans cesse d’éviter des abus qui, pour être très-communs, n’en sont pas moins des fautes graves contre