Page:Vie, travaux et doctrine scientifique d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.djvu/346

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
336
CHAPITRE X.

résoudre à faire la science si aride et, pour tout dire, si vaine. Ouvrez ses ouvrages : vous y verrez souvent l’étude de l’ensemble à côté de celle des parties, l’étude des fonctions vitales et des mœurs à côté de celle des organes. Mais par quel lien les unes sont-elles rattachées aux autres, et l’unité de l’animal ainsi rétablie ? Par l’hypothèse, admise dans toute son extension, que chaque être a été spécialement créé en vue des circonstances au milieu desquelles il vit, chaque organe en raison de la fonction qu’il est appelé à remplir ; en d’autres termes, par cet abus de la philosophie dite des causes finales qui, à l’étude positive des organes, de leurs fonctions, des rapports des uns avec les autres et des harmonies naturelles, substitue une interprétation toute conjecturale, ose faire intervenir dans l’explication de chacun de ces rapports, de chacune de ces harmonies, les intentions et la volonté même du Créateur, et fait descendre ainsi, par un grave abus de logique, au rang des causes prochaines et immédiates des phénomènes, leur cause première, à jamais impénétrable pour nous.

Ainsi, chez les uns, l’étude des organes réduite à celle des caractères, et celle des fonctions et des mœurs négligée et reléguée au rang de circonstances accessoires ; par conséquent, la science aride, incomplète, mutilée : chez les autres, les fonctions et les mœurs étudiées à l’égal des organes, et la