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ZOOLOGIE PHILOSOHIQUE.

des espèces analogues qui peuplaient l’ancien monde.

Possible, disons-nous, et non démontré. Geoffroy Saint-Hilaire ne s’est pas abusé[1]. Le but est ici trop loin de nous pour que ni l’observation, ni le raisonnement puissent encore l’atteindre : l’hypothèse seule peut tenter d’y parvenir. C’est donc une hypothèse que Geoffroy Saint-Hilaire oppose à celle de Cuvier, mais une hypothèse déduite d’une théorie vraie, infiniment plus simple, et confirmée bien plutôt que démentie par les arguments mêmes de ses adversaires. Quand Geoffroy Saint-Hilaire croit à des modifications subies par les espèces animales sous l’action d’un monde ambiant nouveau, Cuvier lui objecte les animaux de l’Égypte, restés les mêmes depuis trois mille ans, dans cette contrée où rien n’a changé autour d’eux. Qui ne voit que la fixité dans un cas, et la variabilité dans l’autre, sont des conséquences également nécessaires d’un

  1. Il s’exprime ainsi, en 1831, dans un Mémoire sur l’influence du monde ambiant : « Telles sont quelques-unes des considérations qui ont servi de base à un mémoire que j’ai publié en 1828… où j’examine dans quels rapports de structure organique et de parenté sont entre eux les animaux des âges historiques et vivant actuellement, et les espèces antédiluviennes et perdues. C’était, comme dans l’écrit que je publie présentement, un doute que je me permettais et que je reproduis au sujet de l’opinion régnante, savoir : que les animaux fossiles n’ont pu être la souche de quelques-uns des animaux d’aujourd’hui. »