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DISCUSSION ACADÉMIQUE DE 1830.

d’abord contre tous, sa théorie naissante devant un public qui, de longtemps, ne peut même le comprendre. Félicitons le savant, mais plaignons l’homme d’oser, en 1828 et 1830, relever le gant que lui jetait, dès 1825, un illustre adversaire ! Combien de fois il comptera les années par les souffrances nouvelles qu’elles lui apporteront ! Car, dans ces discussions ardentes qu’il va soutenir contre d’anciens amis, contre des collègues, si son intelligence doit briller d’un nouvel éclat, son cœur sera souvent déchiré. Et quand le triomphe de ses doctrines sera assuré, quand il en aura la douce conviction, les blessures de son âme lui arracheront encore ce cri : « La couronne du novateur a toujours été, comme celle du Christ, une couronne d’épines[1] !  »

II.

Cette lutte qui agita si douloureusement sa vieillesse, et peut-être abrégea sa vie, Geoffroy Saint-Hilaire ne regretta jamais de s’y être engagé : car elle était nécessaire.

Pourquoi la Métamorphose des plantes, composée en 1790, dut-elle attendre des lecteurs jusqu’en 1815 ? Pourquoi cet essai plein de génie d’un grand

    1856. Il se proposait pour but, dans ce voyage, l’étude des fossiles du riche Musée d’Oxford ; mais il tomba malade, et dut revenir après un court séjour à Londres.

  1. Extrait d’une note écrite en 1838.