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DERNIERS TRAVAUX.

l’expérimentation impossible, et quand le temps allait lui manquer pour développer sa pensée. Il éprouva alors cette douleur intime, si bien peinte par Gœthe, de l’homme qui, ayant émis des idées qu’il croit utiles, les voit rester stériles pour la science, parce qu’elles restent incomprises. Douleur que presque tous les novateurs ont connue ; qu’il avait ressentie lui-même une première fois au début de ses recherches d’anatomie philosophique : mais alors, du moins, il avait devant lui un long avenir !

Et tandis qu’il éprouvait le regret de laisser incomplets et incompris ses derniers travaux, il voyait les anciens chaque jour attaqués par quelques amis et disciples de Cuvier. Animés d’un zèle dont ce grand naturaliste eût été le premier à réprimer l’excès, les uns reproduisaient avec moins de force sans doute, mais avec plus de vivacité, les objections tant de fois déjà discutées ; d’autres en ajoutaient de nouvelles, et parfois de bien inattendues. Ce que Geoffroy Saint-Hilaire put lire, s’il prit la peine d’y regarder, dans telles productions obscures et éphémères, nous ne descendrons pas à le rapporter ici, encore moins à le réfuter. Mais, pour choisir un exemple dans les hautes régions de la science, comment ne pas exprimer notre étonnement en voyant le disciple le plus éminent de Cuvier, se laisser entraîner lui-même jusqu’à dire de Geoffroy Saint-Hilaire, à deux années de distance,