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CHAPITRE XII. DERNIÈRES ANNÉES.

CHAPITRE XII.

DERNIÈRES ANNÉES.
I. Cécité. — Derniers écrits. — Démission. — II. Dernier entretien scientifique. — Dernière maladie.

I.

La cécité n’était point pour Geoffroy Saint-Hilaire un mal nouveau. Atteint, vers la fin de son séjour en Égypte, de l’ophthalmie endémique, il était resté, vingt-neuf jours durant, privé de la lumière. « Je redeviendrai aveugle dans ma vieillesse, avait-il dit souvent. » Et cédant à l’entraînement du travail, il n’en conserva pas moins, depuis 1820, une habitude aussi funeste à lui-même que favorable à la science : chaque nuit, il prenait la plume plusieurs heures avant le lever du soleil, et parfois, dans les derniers temps surtout, dès minuit[1]. Le jour restait libre ainsi pour l’observation.

Il savait bien où devait le conduire une ardeur aussi excessive. Mais cette épigraphe de dévouement qu’il avait inscrite en tête de ses ouvrages, Utilitati, n’était pas une de ces vaines paroles dont un auteur orne parfois la première page de son livre, sans paraître s’en souvenir à la seconde :

  1. Il avait fait placer, au chevet de son lit, une lampe disposée à cet effet.