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CRÉATION DE LA MÉNAGERIE.

Le chiffre de ces indemnités, pour l’un d’eux seulement, s’élevait à près de 17 000 francs.

Le Muséum avait le droit de refuser un envoi fait dans des circonstances si inopportunes, et à des conditions si onéreuses. Établissement national, et non municipal, rien ne l’obligeait à déférer à un ordre de l’administration de la police.

Le jeune professeur de zoologie ne songea pas un seul instant à user de cette ressource. Fort de l’appui de son vénérable maître Daubenton, alors directeur du Muséum, il ne craignit pas d’assumer sur lui une immense responsabilité. Il accepta les animaux, et toutes les difficultés qu’entraînait cette acceptation, furent, en quelques instants, provisoirement résolues. On n’avait ni local, ni gardiens, ni argent : il pourvut à tout. Il fit ranger les cages les unes à la suite des autres, sous ses fenêtres, dans la cour du Muséum : ce fut la première Ménagerie. Pour gardiens, il retint les propriétaires eux-mêmes des animaux, privés, par la saisie, de leurs moyens d’existence. Quant à la nourriture des animaux et à l’entretien de leurs gardiens, en attendant qu’on y eût régulièrement pourvu, il se chargea d’y subvenir. « Il avait compris, dit l’auteur d’une excellente relation de ces faits[1],

  1. Cette relation, publiée en avril 1838 dans le Magasin pittoresque, a été reproduite dans divers ouvrages.