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CHAPITRE II.

dans un moment de plus vives alarmes, au sein de ces immenses souterrains, Roucher pourrait défier toutes les recherches de ses persécuteurs. Il accepta, et quittant une retraite où il avait vécu quelques semaines, il vint au Jardin des plantes, que bientôt il dût abandonner à son tour pour une autre demeure ; car partout le soupçon s’attachait aux pas du proscrit, et l’obligeait d’errer d’asile en asile. Triste existence, intolérable surtout pour un poëte, ami des champs et de la nature ! pour celui qui s’était peint lui-même par ce joli vers :

Il aima la campagne et sut la faire aimer !

Aussi Roucher prit-il une détermination que rien ne put ébranler. Las de vivre dans une continuelle anxiété, et, quand ses amis tremblaient pour sa vie, de trembler sans cesse pour la leur si généreusement exposée, il se décida à retourner chez lui. Il y fut arrêté. Arraché presque aussitôt à sa prison par un dernier effort de l’amitié, il fut, le 4 octobre 1793, arrêté de nouveau. On sait le reste : la résignation avec laquelle il supporta son malheur, les vers si touchants qu’il composa au moment de paraître devant le tribunal révolutionnaire, et sa mort sur l’échafaud peu de jours avant la chute des terroristes !

L’amour de l’humanité avait seul entraîné Geoffroy Saint-Hilaire à se dévouer au salut de