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PREMIÈRES RELATIONS AVEC CUVIER.

premier au monde savant et à lui-même un homme devenu depuis justement célèbre, l’astronome Delambre. Dès ses premières liaisons avec le jeune précepteur de Fiquainville, dès qu’il connut quelques travaux d’histoire naturelle faits par lui dans ses loisirs[1], Tessier comprit, comme il le dit depuis, qu’il venait encore d’avoir la main heureuse ; qu’il venait de découvrir un second Delambre. Tessier n’avait deviné toutefois qu’une faible partie de la vérité : le jeune précepteur était appelé à des destinées bien plus hautes encore ! il s’appelait George Cuvier, et de ce nom, si obscur encore, il devait faire, en vingt ans, l’un des plus grands noms de son siècle !

Geoffroy Saint-Hilaire, encore enfant, avait appris de ses parents à révérer Tessier pour son caractère et ses vertus. Devenu homme, il avait connu ses travaux, et trouvé en eux de nouveaux motifs de l’honorer. Nul, peut-être, après Daubenton et Haüy, n’avait plus d’ascendant sur Geoffroy Saint-Hilaire. Lui-même l’a dit : l’opinion de Tessier faisait loi pour lui. Dès la première lettre d’un ami aussi vénéré, Geoffroy Saint-Hilaire pensa de Cuvier et voulut pour lui, tout ce que pensait, tout ce que voulait Tessier.

Bientôt, sous les auspices de leur ami commun,

  1. Dès 1792, Cuvier avait publié dans un journal d’histoire naturelle deux notes et un mémoire sur l’anatomie de la Patelle.