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EXPÉDITION D’ÉGYPTE.

de ces voyages. Geoffroy Saint-Hilaire partit à la fin de décembre avec son ami Savigny, deux astronomes chargés de dresser la carte de l’Égypte, et quelques autres membres de la Commission des sciences. Leur début ne fut pas heureux : le commandant du bâtiment mis à leur disposition pour descendre le Nil, ne voulut rien faire pour favoriser leurs travaux, et tous les projets de recherches scientifiques qu’ils s’étaient plu à concevoir, durent tomber devant l’autocratie militaire. À Damiette, enfin, ils redevinrent maîtres d’eux-mêmes, et Geoffroy Saint-Hilaire reprit avec ardeur ses recherches, mettant à profit tous les avantages de cette incomparable position de Damiette, où le sol de l’Égypte, la mer, le Nil et le lac Manzaleh offrent à la fois leurs richesses au naturaliste. Le lac surtout devint un champ inépuisable d’observations nouvelles ou intéressantes. Dans ses eaux, fort inégalement salées selon le point où on les prend, Geoffroy Saint-Hilaire trouvait tour à tour des poissons de mer, analogues parfois à ceux qui peuplent nos côtes, et des espèces d’eau douce qu’il s’était procurées déjà ou qu’il devait retrouver plus tard dans le Nil. Sa plus belle capture ichthyologique fut le poisson qu’il nomma depuis Hétérobranche, et chez lequel il fit la découverte de deux organes ramifiés, comparables par leurs innombrables divisions à l’arbre que figurent les bronches chez l’homme. Riche en