Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vantable. Le néant, Fa théisme, ne sont le partage que d’un petit nombre de malheureux : ils nous traitent de superbes, ils nous taxent d’un orgueil ridicule ; eux seuls sont les superbes de l’espèce humaine. Ce sont eux dont l’orgueil se révolte de ce que lame et Dieu échappent à leur avide curiosité. Ils se croient nés pour tout sentir, pour tout pénétrer, pour tout connoître ; et ils s’indignent qu’il reste quelque chose d’impénétrable à leur raison. Ils nient ce qu’ils ne peuvent concevoir, pour ne pas rougir de leur ignorance. Ah ! ne rougissons pas des limites que ce Dieu nous impose. Nous avons porté nos regards assez loin pour être sûrs de notre immortalité, pour être glorieux de notre destinée. Nous serions trop fiers et trop grands si nous pouvions nous élever jusqu’à lui-même. Eh ! quelle place occupons-nous dans l’univers, pour approfondir tant de merveilles, pour concevoir le Dieu qu’elles nous révèlent ? Soyons orgueilleux de notre propre grandeur, mais ne le soyons point assez pour rougir de la sienne ; félicitons-nous sur-tout d’être arrivés à ce point de raison de ne plus