Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/165

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sort des armes faisoit tomber dans ses mains, y trouvoient un asile contre les lois terribles qui les dévouoient à la mort. Les gentilshommes qui s’étoient réfugiés sous ses drapeaux, et qui combattoient avec lui pour la liberté, y bravoient en paix la barbarie de ces mêmes lois. Les proconsuls de Robespierre lui commandoient en vain de les chasser et de les proscrire : Je ne vois que des François sous mes ordres, répondoit le brave Lefebvre, et je suis garant de leur fidélité comme de leur courage. Il les protégeoit ainsi aux dépens de sa vie ; et les vainqueurs et les vaincus le bénissoient comme leur père ou leur sauveur. Né pauvre et soldat, il acquit des honneurs et jamais des richesses. Les batailles de Fleurus, d’Altenkirchen, de Wetzlard, et d’Altendorf, l’avoient déjà rendu célèbre ; et l’un de ses fils étoit renvoyé du collège où sa pauvreté ne lui permettoit pas de l’entretenir. Il avoit combattu dix ans pour la patrie ; et, quand la paix l’eut rendu à sa famille, il demanda du pain pour elle au directoire. Les généraux ennemis lui prodiguoient les témoignages de leur estime ; et le