Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/271

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été découvert ce marbre vivant ; et regrettent qu’un artiste aussi habile n’ait pas vécu plus long-temps pour la gloire de son état et de son pays.

Après avoir exprimé le même regret sur la colonne de marbre dont la tombe de Calamard est décorée, je descendis vers l’occident, et traversai la grande avenue qui partage le vaste plateau du cimetière. Au-delà de cette allée de platanes, est venu se reposer de ses longues agitations polémiques le poëte Palissot, qui, après avoir lutté toute sa vie contre les grandes et petites renommées de son siècle, réussit à peine à s’en faire une. Imitateur maladroit d’Aristophane et de Pope, il joua tour-à-tour les philosophes et leurs adversaires, se moqua de Voltaire et de Fréron, de Jean-Jacques et de Geoffoy, et souleva contre lui les géants, les pygmées, et les zoïles du Parnasse. Cette haine universelle parut être l’unique but de son ambition. Il fut heureux et fier de l’avoir provoquée ; et dut à la nécessité de défendre le seul ouvrage qui protégera sa mémoire contre l’oubli qui semble le menacer. La postérité ne