Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/297

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cet assemblage informe de palais, de temples, et de masures, j’aperçus la demeure des rois ; et, par un mouvement involontaire, je cherchai, vers le nord, les sombres tours de Saint-Denis. Un bruit sourd ramena mes regards vers la cité. Il s’élevoit de ses murs comme le mugissement lointain de l’océan. Je vis une fourmilière d’êtres vains et fragiles qui s’agitoient en tous sens, au gré de mille passions, et de mille intérêts contraires.


Agitez-vous, leur dis-je, ambitieux atomes
Aveugles instruments d’un aveugle pouvoir,
Automates bruyants qu’un fil d’or fait mouvoir,
La marotte à la main, poursuivez vos fantômes.
De la fortune esclaves glorieux,
Mendiants affamés quelle traîne à sa suite.
Égoïstes rivaux, concurrents envieux,
Hâtez-vous, intriguez, écartez le mérite.
Croisez vos intérêts, heurtez vos passions.
Disputez-vous les rangs, les honneurs, la richesse,
Insultez au malheur, dépouillez la faiblesse,
Prodiguez aux puissants vos adulations ;
Rivalisez d’imposture et d’adresse ;
Et suivant que le sort vous élève ou rabaissa
Passez de l’arrogance aux génuflexions.
Disputez sur les arts et sur les romantiques,